Lumière sur quelques mécanismes de la faim
Ou pourquoi manger n’est pas une question de volonté
Les mécanismes de la faim sont pour la plupart inconscients. Nous n’en percevons qu’une petite partie. Cette partie émergée de l’iceberg, ce sont les SENSATIONS alimentaires.
Nos sensations alimentaires sont le reflet de mécanismes physiologiques et de conditionnements appris dont nous n’avons pas conscience. Ils se font automatiquement, sans que nous ayons à y réfléchir. La majorité du processus se passe donc à notre insu. Alors voici quelques éléments de ce qui se passe en coulisses, dans notre corps.
C’EST QUOI LA FAIM
Les fameuses sensations de faim que nous percevons (plus ou moins facilement…) proviennent de notre cerveau. En effet, ce dernier réagit aux stimuli internes (baisse de la glycémie, niveau de glycogène hépatique, tension artérielle, température du corps) et externes (odeur d’un bon repas, voir quelqu’un qui mange, …) et commence à envoyer les signaux de faim.
- Il augmente la production des glandes salivaires
- Il oriente le débit sanguin vers le tube digestif. Les autres zones du corps sont donc temporairement moins irriguées, ce dont nous pouvons parfois nous rendre compte : difficultés de concentration, fatigue, froid…
- Il provoque une légère augmentation de l’insuline ce qui fait diminuer subitement le taux sanguin de sucre et provoque aussi une sensation de fatigue, parfois de faiblesse ou tremblements…
Voilà que nous avons faim !
ET ENSUITE ?
- L’estomac sécrète une hormone appelée Ghréline, hormone de la faim. Dès que les aliments arrivent dans l’estomac, cette sécrétion s’arrête, ce qui commence déjà à renseigner notre cerveau : « ça y est, les aliments arrivent ».
- L’intestin commence à s’activer et se contracter pour « faire de la place ».
Un peu plus tard
- Quand les aliments se trouvent dans l’estomac, celui-ci envoie, au bout d’environ 15 minutes, un autre signal au cerveau sous forme d’une hormone, appelée la Leptine. Les aliments continuent leur descente et arrivent dans le duodenum, qui produit alors de la cholécystokinine (CCK). Ces deux hormones, Leptine et CCK vont stimuler le nerf vague, ce qui procure une sensation de bien-être et d’apaisement. L’hormone CCK stimule également l’hypothalamus ce qui contribue au signal de satiété : « ça y est il commence à y avoir assez de nourriture »
- La prochaine hormone à entrer en action est l’insuline, produite par le pancréas dès que la digestion des glucides commence. Cette hormone, connue comme la « clé » qui permet au glucose d’entrer dans nos cellules, a aussi une action directe sur le cerveau. Elle pénètre dans toutes les aires cérébrales où elle a une provoque apaisement et diminution du stress. Elle renforce également le signal de satiété. Encore une fois notre cerveau reçoit le message : « ça y est il commence à y avoir assez de nourriture »
- Enfin, dans l’intestin grêle, les nutriments commencent à passer dans le sang. Le nerf vague transmet un signal au cerveau qui stoppe la faim.
MANGER N’EST PAS UNE QUESTION DE VOLONTÉ
Le principal centre de régulation de l’appétit dans le cerveau est l’hypothalamus. C’est là que se trouve le circuit de la récompense. L’hypothalamus, stimulé par tous les messages du tube digestif pendant le repas, libère de la dopamine, neuromédiateur de l’apaisement et du plaisir ainsi que des endorphines, sortes de morphines naturelles qui procurent satiété, euphorie et plaisir. Le circuit de la récompense n’a pas de frein physiologique. Si la satisfaction n’est pas ressentie (par exemple en mangeant devant la télé ou en mangeant quelque chose d’insipide) ou si le stress perturbe l’équilibre de l’hypothalamus, les prises alimentaires augmenteront (et ceci potentiellement sans aucune limite). Ceci explique pourquoi, dans certaines situations, nous consommons de grandes quantités de nourriture. Sous l’action du circuit de la récompense, nous sommes capables de nier tous les autres mécanismes de faim et de satiété ; parfois jusqu’à entrer dans de véritables compulsions. Notons donc que ce n’est pas par manque de volonté ! C’est un circuit inconscient et plus vous essayerez de réprimer son action plus elle deviendra virulente !
CONCLUSION :
La régulation de notre faim est possible grâce au dialogue entre notre tube digestif et notre cerveau. Ce dialogue nous n’en percevons qu’une petite partie. Il est régi par des mécanismes tout à fait automatiques qui ne passent pas par la pensée, il n’est donc pas possible de le contrôler juste par notre volonté! C’est pourtant ce que nous essayons de faire lors d’un régime ou rééquilibrage alimentaire. Vous comprenez mieux maintenant pourquoi cela ne tient pas sur le long terme ?
Qu’on se le dise donc : il est NORMAL de manger lorsque l’on a faim et il est NORMAL que cela procure du plaisir et de la détente (vous avez vu toutes les hormones de bien-être générées par l’acte de manger ?).
Si nous réprimons trop souvent notre faim et que nous nions trop souvent le plaisir que cela procure, notre comportement alimentaire risque de se déréguler. Ceci mène inévitablement à des situations pas très agréables à vivre : alternance de restriction et de craquages, poids instable, compulsions alimentaires, voire troubles du comportement alimentaire…
Pour en savoir plus sur les mécanismes de la faim, je vous conseille l’excellent livre du Dr Marie Thirion, Pourquoi j’ai faim ? De la peur de manquer à la folie des régimes, éd. Albin Michel, 2013.
Pour être accompagné.e vers une relation plus sereine avec votre faim, votre assiette et vous-même : https://rosa.be/fr/hp/anne-claire-vanden-hende/
Diététicienne agréée
Accompagnement psycho-corporel
0472 73 73 70
co-membre du Scarabée Concept